Une ville portuaire où l’histoire
construite par nos prédécesseurs se perpétue
Quartier historique important de la ville de Fukuyama, Tomonoura a été façonné par la répartition territoriale du Moyen Âge avant d’être réagencé au milieu de l’époque d’Edo. Des constructions traditionnelles de cette époque ainsi que le port sont encore en bon état. Ville portuaire de la mer intérieure de Seto, Tomonoura part du pied de la montagne en direction de la mer. Du Moyen âge au début de l’époque moderne, les quartiers de la villes se sont construits par strate, à la manière des anneaux de croissance d’un arbre.
Avec le développement des moyen de transport terrestres, comme l’ouverture de la ligne de chemin de fer Sanyo en 1891 (Meiji 24), l’industrie du transport maritime a irrémédiablement décliné, mais la métallurgie, le brassage (vinaigre, liqueurs…), la manufacture (filets et outilsde pêche…) ainsi que le tourisme ont soutenu l’économie de la ville. Pouvoir visiter un port historique qui existe depuis près de mille ans est une expérience rare au Japon, ce qui fait des bâtiments de ce quartier des éléments précieux et uniques, d’une grande valeur pour le Japon.
L’île de Sensui vue depuis le temple Iôji, 1927 (Shôwa 2)
Un quartier historique important à préserver
À la façon des maisons traditionnelles médiévales, on y trouve de nombreuses maisons à la façade étroite, construites selon le style architectural Hirairi, dont quelques bâtiments rares, comme par exemple des habitations du XVIIe siècle ou encore Otake Jutaku (bien culturel important).
Bien que construites à la manière des maisons de Kyoto, elles sont recouvertes d’épais toits de tuiles dont le faîtage varie d’une maison à l’autre, ciselant l’horizon.
Cependant, les appentis situés en façade, qu’on appelle « odare », sont bordés de corniches de hauteur égale, et certaines maisons ont encore sur leurs devantures d’anciens écrans appelés « buchô » ou des bancs pliables, les « battari », sont parfois placés devant les maisons. Des « hamagura », des bâtiments sur lesquelles on peut trouver des planches de construction navales se mêlent également aux habitations, l’ensemble donnant un tableau débordant de vie. Les allées étroites laissent entrevoir la mer à leur extrémité, et en s’y rendant, vous pourrez apprécier les différents éléments typiques d’un port du début de l’ère moderne japonaise, tels que le gangi, le jôyatô, le hato ou encore le funabansho.
Dans le quartier résidentiel datant de l’époque d’Edo, dont l’activité était centrée sur le transport maritime de marchandises, une zone de 8,6 hectares a été désignée en tant que « quartier historique important », étant donné les maisons marchandes, les temples, les constructions en pierre et les installations portuaires de l’époque d’Edo qui s’y trouvent, le cadastre n’ayant que très peu changé depuis le début de l’ère moderne.
Ce secteur est composé de l’intégralité du quartier de Nishimachi, ainsi que d’une partie des quartiers d’Ishii-chô, de Seki-chô, d’Enoura, de Michigoe-chô, de Kojôato, dans l’arrondissement de Tomo de la ville de Fukuyama, ainsi que des quartiers de Kojôato et de Kusatani de l’arrondissement d’Ushiroji.
On pense que le village s’est formé le long d’une route durant l’époque de Muromachi. Les parcelles suivaient un découpage rectangulaires, la plupart des maisons ayant une façade de moins de 5,4 mètres, la moyenne étant de 3,6 mètres. La devanture du bâtiment occupe toute la partie de la parcelle qui borde la route tandis qu’on trouve à l’arrière une cour intérieure, entre la cuisine et les sanitaires (toilettes, bain…). Il y a parfois une annexe ou un entrepôt à l’écart de la maison, derrière la cuisine.
Les familles marchandes qui agrandissaient leur propriété en achetant les terrains adjacents construisaient des bâtiments supplémentaires à côté de leur maison ou au fond du terrain, ajoutant ainsi des annexes et des entrepôts en périphérie. Otake Jutaku, qui est classé « bien culturel important », en est un exemple typique. Cette demeure appartenait autrefois à la famille Nakamura, qui commercialisait des liqueurs. Les quatre entrepôts aux murs blancs et la cuisine qui occupent le nord ouest du terrain offrent un spectacle magnifique.
Otake Jutaku Chôsôtei (à droite), classé « bien culturel important » en 1991 (Heisei 3)
Tomo Shichikyoochi-iseki (à gauche), site historique préfectoral depuis 1940 (Shôwa 15)
Otake Jutaku, Tomo Shichikyoochi-iseki, ancien magasin de liqueur (Kichibei Nakamura). A prospéré grâce à la vente d’Homeishu, une liqueur locale.
Le jôyatô et le gangi
La ville avec le plus grand et le dernier port du début de l’époque moderne
La structure qui part du pied du jôyatô et qui s’étend jusqu’à la mer est appelé « gangi ». D’une longueur totale d’environ 150 mètres, cet ingénieux escalier de 24 marches à la forme d’un amphithéâtre permettait de charger des marchandises sans avoir à tenir compte de la marée, dont l’amplitude maximale peut atteindre quatre mètres. Un volume important de marchandises et de personnes y ont transité, permettant ainsi à Tomonoura de prospérer en tant que ville portuaire. Lorsqu’on s’y assied un moment, on peut voir les marches disparaître une à une sous les flots, et ainsi le flux et reflux de la mer.
À l’entrée du port, un brise-lames en pierre, le « hato », dessine sur l’eau une légère courbe. Tout comme le jôyatô et le gangi, il s’agit d’une des plus grandes structures de ce type au Japon. En plus de ces installations, il y a également le « funabansho-ato », d’où on surveillait les allées et venues des bateaux, ainsi que le « tadeba-ato », où on réparait les navires. Il n’y a qu’à Tomonoura qu’on trouve encore ces cinq éléments, indispensables au bon fonctionnement d’un port du début de l’époque moderne.
Le jôyatô et le gangi
le jôyatô
le funabansho et
le hato
le tadeba
Un paysage urbain qui s’est construit grâce aux marées
le jôyatô
La ville de Tomo
La topographie inhabituelle de la mer intérieure de Seto est à l’origine d’un phénomène d’inversion du courant de marée. Tomonoura est à la jonction de la zone où la marée s’inverse et de nombreux bateaux attendant une marée favorable s’y sont rassemblés, ce qui a influencé le développement de Tomonoura. Devant le jôyatô, il y a un emplacement où on peut débarquer des marchandises, le « niageba ». Cet endroit était et est encore aujourd’hui un lieu de détente et d’échange privilégié entre autochtones et voyageurs des quatre coins du monde. Un grand entrepôt aux murs blancs fait face à ce débarcadère, et si on tourne le dos à la mer, on peut apercevoir les demeures des plus riches marchands de Tomonoura, ainsi que leurs entrepôts à saké, certains très tape-à-l’œil avec leurs murs de style namako, aux motifs rappelant des dés, et d’autres construits à l’aide de vieilles planches de construction navale.
Des festivités typiques de l’héritage de Tomo et des spécialités locales
Au cœur d’une ville historique entourée d’un magnifique paysage, les chaleureux habitants de Tomonoura continuent de perpétuer les traditions de la ville portuaire.
Au fil des quatre saisons, de nombreuses activités traditionnelles prennent pour scène cette ville portuaire riche de son histoire et des bienfaits de la nature, lui donnant ainsi d’autant plus d’éclat. Il y a par exemple le « Taiami », où de nombreux bateaux encerclent un banc de dorades, les attrapant toutes d’un seul coup de filet, le « Hassaku no Umadashi », une festivité rare au Japon où un grand cheval de bois est tiré dans les rues de la ville pour souhaiter une bonne croissance aux enfants, ou encore la palpitante fête du feu, « Otebi Shinji », où trois torches géantes de 200 kg dispersent leurs flammèches au gré des vents en guise de prière pour la sécurité des marins et pour rester en bonne santé.
Il peut également être intéressant de venir voir les authentiques « chikaraishi », des pierres de plus de 200 kg qui étaient utilisées durant les concours de force de l’époque d’Edo. On peut également déguster à Tomonoura de nombreux produits typiques, comme le « homeishu », une liqueur locale, ainsi que des mets locaux à base de dorade et de « nebuto », un petit poisson de la région, ou encore de la pâte de poisson.
La pêche « taiami »
La pêche « taiami »
Otebi Shinji, env. 2000
Otebi Shinji, env. 1984
Hassaku no Umadashi
Seki-chô himatsuri, 1950-1960
Chikaraishi
Homeishu
Tomo inspire la région et le Japon
Tomo a su conserver l’atmosphère et les paysages urbains de l’époque d’Edo, et pour les Japonais, « on y ressent de la nostalgie dès la première visite ». De plus, ce quartier n’est pas seulement ancien, il continue d’inspirer l’art local et divers films prennent place dans ce paysage unique, ce qui fait de cette région un bien précieux.